Éditions Héros-Limite
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CH-1211 Genève 8
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2019
120 pages 115 x 180 mm ISBN 978-2-88955-014-2 12.00 16.80 CHF Disponible pdf couverture

La Princesse Russalka

Frank Wedekind

Traduction François Mathieu

La société bourgeoise allemande fin de siècle, celui que Brecht appelle un «grand éducateur de la nouvelle Europe», Frank Wedekind, la connaît bien. Il y a trempé dans toutes circonstances de sa vie. Rien d’étonnant à ce que son théâtre, ses poèmes et sa prose décrivent et dénoncent avec tant de rigueur les mensonges de son code moral, dont la première victime est la femme. Dans ces nouvelles, Wedekind a pris majoritairement un biais exploratoire, celui de la femme, parce que socialement marginalisée, quelle que fût son appartenance sociale, comme en témoigne le choix présenté dans ce livre.

Le hasard des traductions fait que les textes ici rassemblés constituent des moments de la pensée de Wedekind, et traduisent par là même une dynamique de réflexion. Je m’ennuie est un extrait de son Journal rédigé au château de Lenzbourg. Le premier pas est également un extrait de son Journal : les lieux sont clairs, Wedekind séjourne à Paris du 1er mai 1892 au 23 janvier 1894. La Princesse Russalka, nouvelle, poème et pantomime, paraît pour la première fois en 1897 (à Paris ! Leipzig et Munich). Entre-temps, il a rédigé ses réflexions sur le monde du cirque et ses deux grandes nouvelles Un mauvais Démon et Marianne. Et ce, notamment au contact de Karl Henckel, des frères Carl et Gerhart Hauptmann et de Peter Hille. Pour mieux se séparer des principes d’écritures réalistes ou socialistes des uns et des autres, et de devenir soi-même l’idéaliste, le danseur de corde, l’humoriste, le «Schnellmacher» – le peintre de l’instant –, précurseur de l’expressionnisme.

Contemplons dès lors ces quelques textes comme un état préparatoire à une œuvre théâtrale géniale et comme le chemin frayé à des grands descripteurs allemands de la condition féminine. Frank Wedekind avait ouvert la voie à Lola, L’Ange bleu de Heinrich Mann, à Agathe Schweigert, à Susi, les fortes faibles femmes de La Force des faibles d’Anna Seghers, à la Mère Carrar et à Mère Courage de Brecht.

Extraits de la note du traducteur, François Mathieu