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Grock

L’existence de Grock, de son vrai nom Adrien Wettach, est une aventure en elle-même, qui nous fait penser, du moins pour les premières années de sa vie, aux personnages de Dickens, Tom Sayers, Oliver Twist. Grock naît en 1880, dans un petit village suisse, dans le Jura bernois, du nom de Loveresse. Son père est horloger et paysan comme la plupart des hommes de la région, mais il est surtout connu pour ses prouesses en gymnastique. En ce temps-là, quand on est un père de famille, il faut savoir se tenir, et la droiture est la position requise. Pourtant, il est fort à parier que s’il en avait été autrement, le père de Grock aurait pu faire carrière dans le cirque. Le sort voulut que ce soit le fils qui réalisa cette prouesse. Alors enfants, Grock et sa sœur montent des spectacles d’acrobatie qu’ils joueront, avec la permission de leur père (!), dans différents établissements et cafés de la région. Mais la réalité le rattrape bientôt, il quitte l’école et fera des petits métiers alimentaires, jusqu’au jour où, lisant une annonce, sa mère décide de l’envoyer en Hongrie dans une riche famille pour enseigner le français. Grock à 17 ans. Son démon du cirque ne sera pas long à resurgir, c’est par une pirouette qu’il se présentera devant le baron chez lequel il vivra. En 1900, après avoir été accordeur de piano itinérant, il fait ses premiers pas dans le monde du cirque en devenant le partenaire d’Alfrediamos pour le cirque Krateily, en Hongrie. Puis, il rejoint la France où il devient caissier du Cirque National suisse. Il fait la connaissance, vers 1903, de Brick, dont il sera le partenaire pour le fameux cirque Medrano. Grock achève son éducation de clown avec Antonet, qui fut son véritable maître. Antonet le fait beaucoup travailler, jouer de différents instruments, ensemble ils inventent de nouveaux numéros. Ils iront à Londres, en Allemagne et, sous les acclamations d’un public immense, tourneront sans cesse pendant quelques années. Grock fera rire le monde entier et met au point à cette époque des numéros qu’il conservera jusqu’à la fin de sa carrière. Son héros est un nigaud qui, placé au milieu d’instruments de musique, cherche les cordes de son violon alors qu’il tient celui-ci du mauvais côté et s’efforce de s’asseoir plus près du piano en tirant ce dernier plutôt que le tabouret et ponctuant ses découvertes du célèbre : « sans blââgue ! ». Assimilé à la catégorie des clowns musicaux, Grock est aussi excellent acrobate ; son art et ses tours, plus proches par ailleurs du music-hall, tendent vers une certaine forme d’universalité. Il fait ses adieux à la scène, à Hambourg, en 1954. Multimillionnaire, Grock bâtit un gigantesque palais sur la Côte ligure, à la (dé)mesure de son succès, sans doute une revanche sur la pauvreté de son enfance. Il meurt en 1959 en clown accomplit. Toujours considéré par ses pairs comme le plus grand clown du XXe siècle, Grock était un homme complet, à la fois jongleur, cascadeur, contorsionniste, danseur, mime ou directeur de troupe. Ce virtuose a composé plus de 2’500 mélodies. Outre un public très populaire, rois, reines et présidents d’Europe honoraient ce pitre qui illuminera trois générations, en des temps où l’on ne riait pas forcément…

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